En images : les multiples facettes de l’agriculture urbaine

La multiplication des projets d’agriculture urbaine rend nécessaire une réflexion pour répondre aux enjeux économiques, environnementaux, alimentaires, réglementaires et de durabilité. C’est un phénomène aux formes et aux fonctions très variées que Christine Aubry, ingénieure de recherche à l’INRAE et AgroParisTech, définit comme « les agricultures urbaines ».

Le développement de l’agriculture urbaine est ainsi favorisé à la fois par les travaux chercheurs et l’expérience des acteurs de terrain. C’est ce dialogue entre la science et les métiers qui permet de révéler les modèles économiques, en prévalence hybrides, ou les services écosystémiques très variables (tels que la préservation de la biodiversité, la valorisation des déchets, la gestion de l’eau) en fonction des systèmes techniques et de la localisation. D’après Christine Aubry, parmi les services rendus par l’agriculture en ville, l’alimentation pourrait être davantage favorisée par des politiques de relocalisation de la production agricole et éventuellement répondre aux problèmes des inégalités alimentaires. Les réflexions des scientifiques et opérationnels portent aussi sur une possible application du bail rural et du statut d’agriculteur aux exploitations agricoles en ville. Un dernier axe d’exploration, mais non des moindres, concerne les indicateurs des conditions et critères de durabilité du point de vue socio-économique (par exemple les coûts évités) et environnemental (par exemple la régulation du climat). C’est un axe de travail transversal et ambitieux auquel contribue notamment Erica Dorr, doctorante à AgroParisTech, qui soutiendra, le 1er juin 2022, une thèse sur « Développement d’un outil d’auto-évaluation de la durabilité pour les acteurs de l’agriculture urbaine ».

Paola Mugnier et Fanny Provent décrivent également des systèmes de productions multiformes et multifonctions. Leur guide pratique « Agriculture urbaine : comment aménager une toiture-terrasse » (dont sont tirés les photos #2 à #5), mais aussi le bureau d’expertise en agricultures urbaines Exp’au ou les indicateurs d’agricolisation, sont parmi les démarches qui ont été mises en place, en s’appuyant sur les connaissances des chercheurs, pour accompagner et outiller les aménageurs dans le choix de la forme de projet, sa mise en place et sa gestion. Un autre aspect important pour les aménageurs est la question des contaminations urbaines à laquelle répond la méthodologie REFUGE qui permet de mener une évaluation des risques sanitaires à partir d’une étude historique du site et de l’investigation des sols. Ce type d’évaluation révèle l’absence de risque ou si un site est une zone grise, ce qui est souvent le cas, qui peut être exploitée en suivant un plan de maîtrise sanitaire ou à travers l’agriculture hors sols.

Les perspectives futures pour le développement de l’agriculture urbaine s’annoncent vastes et variées. Des nombreuses toitures plates représentent une ressource foncière inexploitée à fort potentiel. Des nouveaux besoins émergent en ce qui concerne le diagnostic de portance, une meilleure intégration des serres dans le bâtiment, l’optimisation dans la gestion des flux et des usages et enfin l’intégration de l’agriculture urbaine dans les scénarios d’économie circulaire.

Pour aller plus loin
Chercheurs
Christine Aubry
Ingénieure de recherches hors classe et professeure consultante
AgroParisTech
Inrae
Erica Dorr
Doctorante
AgroParisTech
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