Note sur l’analyse de cycle de vie et économie circulaire

La notion d’Economie Circulaire (EC) connait depuis une dizaine d’années un regain d’intérêt dans le débat sur la transition écologique, et spécialement dans les préoccupations des acteurs du BTP.

L’analyse de la littérature révèle que le concept n’est pas encore stabilisé et demeure ambigu. Plusieurs définitions sont proposées dans la littérature, du simple bouclage-matière à l’Economie Sociale et Solidaire en passant par « l’économie régénérative » mais aucune ne fait consensus. On constate tout de même un focus important sur la préservation des ressources, qui se traduit notamment dans les indicateurs mis en place pour évaluer l’EC (taux de recyclage, taux de valorisation, Material Circularity Index, Zero Waste index, etc.).

En analyse du cycle de vie, l’indicateur d’épuisement des ressources abiotiques informe de l’impact d’un projet sur les ressources minérales et/ou fossiles.  Il mesure l’épuisement des matières premières à l’échelle de la planète en tenant compte des réserves géologiques et de la vitesse d’utilisation des ressources. Le MCI (Material Circularity Index), l’un des indicateurs phares de l’économie circulaire développé par la fondation Helen Mac Arthur, prend en compte directement les flux des produits de construction sur le marché (béton, briques, poutres de bois, graviers, etc.) sans caractériser leur rareté ou leur criticité. Les matériaux pondéreux sont donc dominants. Un index de circularité plus élevé indique que des matériaux pourront être réinsérés sur le marché (local, territorial) au lieu d’être éliminés (ils ont donc encore de la valeur). Dans un contexte où la faisabilité de la valorisation matière dépend fortement de la disponibilité de matériaux pouvant être réemployés ou réutilisés, le MCI pourrait par exemple aider à mesurer la contribution d’un projet au gisement de matériaux récupérables.

Mais les indicateurs de circularité ne peuvent seuls évaluer de façon suffisamment pertinente la performance environnementale d’un projet, qui doit également inclure les domaines de la santé et de la biodiversité. Ils sont intéressants comme outils complémentaires à l’ACV. Issue d’une étude soutenue par l’ADEME concernant la requalification de l’hôpital Saint Vincent de Paul, à Paris 14e, la figure ci-dessous montre la comparaison en ACV de 5 scénarios correspondant au même index de circularité (MCI). Du point de vue des impacts environnementaux, il n’est pas équivalent de valoriser des matières premières secondaires inertes (scénario 3B), des métaux (3E), des matériaux bio-sourcés (3C) ou des matériaux valorisables énergétiquement (3D). Par rapport au scénario de base incluant un mix de ces matériaux (3A), la variation de certains impacts peut atteindre 50%.

 


Exemple, résultats du projet pulse-paris

Les travaux dans le cadre du projet PULSE-PARIS ont montré que pour un même taux de circularité, on peut avoir des performances environnementales assez contrastées, et bien que les indicateurs de circularité permettent d’évaluer le degré d’économie circulaire dans un projet de construction, ils ne sont pas adaptés pour mesurer seuls les performances environnementales.
Les deux figures présentent des diagrammes de comparaison des performances en fonction des scénarios de revalorisation pour un taux de circularité fixe pour les îlots Chaufferie et Petit respectivement (Projet PULSE-PARIS, livrable3).


 

Sur cette opération, l’ACV a montré l’intérêt environnemental de différents scénarios de valorisation selon des principes d’économie circulaire. La réduction d’impact est importante sur des indicateurs liés aux déchets et aux ressources, moins sur d’autres.

 


FOCUS RÉSULTATS PULSE

Résultats Pulse 3

Dans le cadre du projet PULSE-PARIS, 12 indicateurs environnementaux ont été évalués afin d’avoir une vision la plus complète possible des impacts environnementaux. Sur l’étude de cas de Saint Vincent de Paul, si les actions d’économie circulaire étaient peu efficaces pour réduire significativement la contribution au réchauffement climatique, d’autres indicateurs (épuisement des ressources abiotiques, biodiversité, déchets) montraient de façon plus nette l’efficacité de ces actions. La figure présente un exemple de résultat sur le projet PULSE-PARIS.


 

Des travaux sont en cours en ce qui concerne la prise en compte en ACV des ressources biotiques, et pour intégrer certaines problématiques spécifiques (sable et granulats). L’économie circulaire apporte certains leviers d’action pour améliorer la performance environnementale d’un projet d’aménagement, en particulier en ce qui concerne la valorisation des matières premières secondaires. Pour autant, faut-il multiplier les évaluations avec une série d’indicateurs juxtaposant des démarches en silo (% de matériaux recyclés, bio-sourcés, % de bois, de béton bas carbone…) ? Une approche systémique comme l’ACV peut intégrer ces différents leviers d’action et les associer dans une démarche commune visant à améliorer des indicateurs de performance et non seulement de moyens.

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Chercheur
Bruno Peuportier
Directeur de recherche
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