[Podcast] Épisode #5 : Le chantier des mobilités douces et accessibles

Les mobilités douces connaissent un engouement sans précédent pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais pour être efficaces, elles doivent être accessibles à tous. Or des inégalités territoriales persistent. Philippe Cazes, André Broto et Rayane Al Amirdache proposent des pistes pour lever les verrous de l’accès à la mobilité douce pour tous.

La prise de conscience des conséquences du réchauffement climatique n’a jamais été aussi vive. Conséquence directe : les mobilités décarbonées ont le vent en poupe. Piétons, cyclistes, tramways véhicules électriques et transports mutualisés (covoiturage…) se multiplient dans l’espace public. Mais pour qu’elles puissent agir avec efficacité sur la transition écologique et l’accélérer, ces mobilités douces doivent être accessibles à toutes et à tous. Dans cet épisode du podcast « le chantier de la ville durable », le lab recherche environnement VINCI Paristech donne la parole à des experts en mobilité qui donnent des pistes pour améliorer cette accessibilité.

Des projets structurants pour pouvoir laisser la voiture au garage

A pied d’œuvre sur le chantier du tramway T3, qui ceinture Paris, Philippe Cazes, directeur délégué Ile-de-France Normandie d’Eurovia, est particulièrement fier de contribuer à bâtir une infrastructure qui densifie le maillage des transports collectifs en Ile-de-France. « En redessinant l’espace public à l’aune de la multimodalité et en favorisant les interconnexions, tous les projets franciliens structurants – le tram T3 mais aussi les lignes du Grand Paris Express – contribuent à enrichir l’offre de mobilités alternatives, et poussent les habitants à laisser leurs voitures au garage ! », se réjouit Philippe Cazes.

Les déplacements longs du quotidien…grands oubliés des politiques publiques

Mais pour que ces mobilités décarbonées puissent devenir de vrais leviers de diminution des émissions de gaz à effet de serre, encore faut-il qu’elles soient adoptées massivement, et donc qu’elles soient accessibles au plus grand nombre. Or ce n’est pas encore le cas, et de grandes inégalités territoriales demeurent. C’est ce que relève André Broto, ancien Conseiller prospective du Président de Vinci Autoroutes et auteur du récent ouvrage « Transports : les oubliés de la République » (éditions Eyrolles). « Lorsque l’on étudie les différents segments de la mobilité, on s’aperçoit que les déplacements longs du quotidien – plus de 10 km de distance – sont un angle mort des politiques publiques en France. Ils représentent pourtant 55% des émissions de GES liées à la voiture !». D’un côté, l’État pilote la politique des infrastructures grandes distances (lignes de trains, LGV, routes nationales et autoroutes), de l’autre les communes et intercommunalités celle des déplacements courts, à l’intérieur de leur territoire. « Les très nombreux habitants des zones périurbaines qui doivent se déplacer chaque jour pour aller travailler au cœur des villes n’ont, eux, pas d’alternatives à la voiture individuelle, à l’exception de quelques offres régionales de TER, largement insuffisantes », constate André Broto. Pour améliorer l’accessibilité des offres alternatives, l’expert en mobilité lance quelques pistes, comme le renforcement des offres de TER, la démocratisation des véhicules électriques, ou le développement des transports en commun sur autoroutes.

L’équité face au politique de transports, c’est aussi mieux équilibrer les territoires

La réduction de la fracture territoriale liée à cette inégalité d’accès à la mobilité est au centre des préoccupations de Rayane Al Amirdache, doctorante à l’école des ponts ParisTech. Sa thèse, financée par le lab recherche environnement VINCI ParisTech, explore la problématique de l’équité dans l’évaluation des politiques de transports. « Je m’intéresse à la façon dont les personnes sont individuellement impactées par une politique de transport donnée selon leur caractéristiques sociales, économiques ou démographiques, et je bâtis des indicateurs à partir de ces données », résume Rayane Al Amirdache. Selon la doctorante, pour améliorer l’accessibilité des zones périurbaines, les décideurs publics peuvent activer trois leviers principaux : l’aménagement des espaces publics, le renforcement des transports en public, et le développement d’une offre locale de travail.

 

Pour aller plus loin
Le tram l'une des offres de transport analysées
Mobilité
La performance environnementale des systèmes de mobilité est liée aux consommations d’énergie, aux émissions de polluants et gaz à effets de serre et aux effets de coupure et de fragmentation des habitats
En savoir plus